L'enfance de Jésus
Luc 2 v. 41-52
Dans la petite chambre de Siméon, le vent soulève doucement le rideau qui laisse passer les tout premiers rayons de soleil. On distingue une table dans le coin et, sur la table, plusieurs rouleaux. Ils étaient comme ça, les livres à l’époque. Il y a aussi une petite lampe à huile. On voit un coffre, dans lequel on range certainement les habits, et un lit, c’est tout. Sur le lit, un homme est couché, il dort encore, un rayon de soleil éclaire maintenant son visage. Son visage est radieux ! L’homme dans son sommeil sourit, il doit faire un très beau rêve. L’homme bouge, se retourne et finit par se réveiller. Il s’assied au bord de son lit et reste là sans bouger. On dirait qu’il repense à ce qu’il vient de rêver. Enfin il se lève et se dirige vers la table, là il prend un rouleau, le plus grand, le plus usé aussi. Il le déroule, il semble chercher un passage. Ça y est, il a trouvé ! Avec son vieux doigt, il souligne le texte :
- « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière... Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule. Et on appellera son nom Merveilleux, Conseiller, Dieu Fort, Père du siècle, Prince de Paix... »
Le vieux Siméon lève ses yeux, quelques larmes commencent à couler tout doucement en suivant la courbe de ses rides. Il est si heureux, Siméon, oui car, Dieu dans son rêve, lui a dit qu’avant de mourir, il verrait le Christ, le Messie, le Sauveur du peuple, la Consolation d’Israël. Oh, lui qui l’attend depuis tant d’années ! Lui qui a lu et relu tant de fois les nombreux textes sacrés qui parlent de ce Sauveur en espérant qu’il le verrait encore de son vivant ! Quelle grâce lui fait le grand Dieu des cieux ! Comme Il est bon envers lui, pauvre vieillard ! Siméon reste longtemps ainsi, dans la présence de Dieu. Siméon est un homme fidèle et pieux, qui a l’habitude de passer de longs moments dans la prière et dans la lecture des Écritures. Et ce matin-là, dans le secret de sa petite chambre, Dieu lui révèle encore des choses sur ce Sauveur qui n’est encore qu’un tout petit bébé, mais qui bientôt apportera le salut aux hommes. La matinée est déjà bien avancée lorsque Siméon sort de chez lui. Il a revêtu son plus bel habit et il avance maintenant dans les petites rues de Jérusalem. Il se dirige vers le temple, la maison de Dieu. Dans la grande cour, il traverse le marché où l’on trouve des animaux, du petit bétail, de la volaille, des pigeons et des tourterelles. Les gens qui se rendent au temple s’arrêtent souvent ici pour acheter l’animal qu’ils offriront ensuite en sacrifice. Siméon marche moins vite, il regarde, non, il ne veut rien acheter, ce qui l’intéresse ce matin, ce sont les gens qui achètent. Il voit des hommes qui ont l’air d’avoir fait un long voyage avant d’arriver ici, il voit des familles avec des enfants qui courent à droite et à gauche, il voit aussi des amis :
- Bonjour, ça va ?
- Oui, merci, ça va bien, et toi, la santé, la famille ? - Oui, ça va bien !
Mais Siméon ne s’arrête pas très longtemps, il continue, il regarde encore les gens et là, tout à coup, son cœur se met à battre très fort. Il vient de voir une jeune femme qui tient un petit bébé dans ses bras... C’est lui, oui c’est lui, il le sait ! A côté, il y a un homme, ça doit être le mari, il tient deux jeunes pigeons dans sa main...
- Tiens, elle n’a pas pu amener un agneau...Seigneur, ton Fils est né dans une famille bien pauvre !
Siméon attend. Il voit maintenant la femme qui donne son bébé à son mari, elle prend les deux pigeons et les donne au sacrificateur. Celui-ci ensuite les présente à l’Eternel sur l’autel. Le sang coule, la jeune femme sait maintenant qu’elle est pure, car telle est la loi de celle qui enfante un fils ou une fille en Israël. Le bébé a retrouvé maintenant les bras de sa maman et la jeune famille se dirige vers lui. Alors Siméon va à leur rencontre et avec beaucoup de bonté, il prend le petit enfant dans ses bras. Emu, il bénit Dieu et dit :
- Maintenant, Seigneur, ta promesse s’est réalisée : tu peux laisser ton serviteur mourir en paix, car j’ai vu de mes propres yeux ton salut que tu as préparé devant
tous les peuples : c’est la lumière qui te fera connaître aux nations du monde et donnera de la gloire à Israël, ton peuple.
Ce n’est pas la première fois que Marie et Joseph rencontrent des gens qui viennent adorer l’enfant Jésus. Il y a eu les bergers, puis ces riches voyageurs qui venaient de si loin et qui étaient des mages, mais à chaque fois Marie est étonnée, émerveillée de voir comment Dieu a pris soin d’annoncer la naissance du Sauveur à ces différentes personnes. Alors Marie écoute ces gens, et elle n’oublie rien de ce qu’ils disent sur son petit bébé. Elle voit bien maintenant que ce vieillard, qui lui rend son bébé, a encore quelque chose à lui dire :
- Marie, Dieu a choisi cet enfant pour causer la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de Dieu auquel les hommes s’opposeront, et il fera ainsi apparaître en pleine lumière les pensées cachées dans le cœur de beaucoup. Quant à toi, femme, la douleur te transpercera l’âme comme une épée.
A ce moment, arrive Anne, une prophétesse. C’est une très, très vieille femme que tout le monde connaît au temple, car elle est toujours là pour servir Dieu. Elle s’approche et elle aussi parle de l’enfant à tous ceux qui sont là.
Marie serre son enfant un peu plus fort dans ses bras. Non, elle n’oubliera pas sa visite au temple, elle n’oubliera pas non plus les paroles du vieux Siméon.
Marie, Joseph et Jésus sont maintenant de retour dans leur petite ville en Galilée. Très vite la vie normale reprend, Joseph retourne à son atelier de menuiserie où il doit travailler dur pour gagner un peu d’argent. Ce n’est pas parce que Jésus est Fils de Dieu que la vie est plus facile pour Joseph et Marie, oh non ! Dieu a voulu que son Fils naisse et grandisse dans une famille humble, pour qu’il puisse un jour comprendre les gens, leurs difficultés, leurs soucis, pour pouvoir vraiment être proche d’eux. Les jours et les semaines passent, les années passent. Maintenant dans la maison, il y a beaucoup de vie, car Marie et Joseph ont eu encore d’autres enfants. Et comme dans chaque famille, il y a ceux qui ont un peu plus de peine à obéir, ceux qui ne sont jamais tranquilles et qui arrivent toujours à faire pleurer les plus petits... Il y a aussi ceux qui sont souvent malades... Marie a parfois bien des soucis. Mais avec Jésus, c’est différent. Lui, il est toujours agréable, obéissant. A l’école, c’est un bon élève qui a vite appris à lire, à écrire et à compter. Le matin, il est toujours debout avant les autres, car il aime par-dessus tout ce moment de la journée où il peut parler en toute tranquillité à son Père qui est au ciel. Maintenant qu’il a déjà douze ans, Marie peut compter sur son aide pour le travail à la maison. Même Joseph le voit souvent venir à l’atelier, il est toujours prêt à donner un coup de main.
Aujourd’hui, c’est un grand jour pour Jésus. Le jeune garçon se réjouit depuis si longtemps de ce moment, qu’il n’a presque pas pu dormir cette nuit. Il voit les toutes premières lueurs de l’aube, mais personne ne bouge encore dans la maison, c’est trop tôt. Il doit encore attendre... Tout doucement il se glisse dans la grande pièce et là, il voit les bagages qui sont déjà prêts. Aujourd’hui, il va faire un voyage avec ses parents jusqu’à Jérusalem. Car il a l’âge maintenant d’aller au temple pour la fête de la Pâque. Et tu t’imagines sa joie, il va enfin aller dans la maison de son Père, oui, bien sûr il y est déjà allé quand il était tout petit, mais maintenant qu’il est grand, ça sera différent. Il pourra rencontrer des sacrificateurs, des maîtres de la loi, des gens qui connaissent très bien l’Éternel. Quelle joie alors il aura de pouvoir parler avec eux de son Père ! Bien sûr, il ne dira pas qui il est réellement, car le moment n’est pas encore venu. Mais ensemble ils pourront lire les Saintes Écritures et parler de ce livre merveilleux.
Enfin Marie et Joseph sont prêts pour le départ. Ils rejoignent sur la grande place le groupe des voyageurs qui se rendent à Jérusalem. Jésus retrouve des amis de son âge et peut-être aussi des cousins, et tous ensemble ils marchent en direction de la grande ville. Plus ils s’approchent, plus il y a de voyageurs qui se joignent au groupe. Les gens viennent de tout le pays pour célébrer la Pâque à Jérusalem. C’est une fête très importante. L’entrée de la ville et les rues sont pleines de monde. Jamais Jésus n’en avait vu autant et Marie et Joseph doivent faire attention de ne pas le perdre de vue.
- Jésus, attends-nous ! Ne va pas trop vite, nous allons nous perdre !
- Regarde, c’est ici que nous tournons ! Avant d’aller au temple, nous poserons nos bagages à l’hôtel.
- Et puis ensuite nous irons manger quelque chose.
Jésus rejoint Joseph et Marie dans la petite ruelle qui les mène là où ils dormiront pendant leur séjour à Jérusalem. D’ailleurs ils sont tous là, ses amis de Nazareth. Ils ont l’habitude de passer cette fête ensemble. Après avoir rapidement avalé quelques figues et un morceau de pain, ils décident de partir à la découverte de la ville. Il y a tant à voir, surtout pour ceux qui sont là pour la première fois. Jésus est émerveillé par cette ville où il s’est passé tant de choses. Il pense à son lointain ancêtre, le grand roi David, qui a fait de Jérusalem la capitale du royaume. Puis à Salomon son fils, qui a construit un temple splendide à la gloire du Dieu d’Israël. Jésus ralentit le pas, il sait que le temple, c’est par là-bas, mais ses compagnons partent dans une autre direction, alors il les laisse et décide d’aller vers le temple. Il entre dans la grande cour et on peut imaginer qu’il reste longtemps là à observer les gens qui apportent des sacrifices pour la purification de leurs péchés. Il s’approche d’un groupe d’hommes qui sont en pleine discussion. Jésus écoute ce qu’ils se disent. Ce sont des docteurs de la loi qui sont justement en train d’expliquer les Écritures à des jeunes gens qui doivent être leurs élèves. Jésus s’assied parmi les élèves et bientôt il se joint à la discussion. Comme les autres, il a beaucoup de questions à poser et les docteurs de la loi s’étonnent de voir un si jeune garçon qui s’intéresse tellement aux Écritures et qui semble si bien les connaître !
- Dis-donc, mon garçon, d’où viens-tu et qui sont tes parents ?
- Je viens de Nazareth, maître. Ma mère s’appelle Marie, elle est l’épouse de Joseph, le menuisier. Nous sommes venus ici pour la fête de la Pâque.
- Et qui t’a appris tout ce que tu sais, mon petit ?
- C’est que... J’aime lire les rouleaux du Livre à la synagogue et je n’oublie pas ce qu’on nous enseigne le jour du sabbat.
- Mon garçon, tu es étonnant ! Est-ce que tu reviendras demain, j’aimerais encore discuter avec toi !
- Oh oui, maître, j’essaierai de revenir !
C’est ainsi que le lendemain, et les jours suivants, Jésus retrouve les maîtres de la loi. Ils discutent longtemps ensemble, jamais ils n’ont rencontré un si jeune garçon avec une telle soif de connaissance. Marie et Joseph lui laissent beaucoup de liberté, car ils savent qu’ils peuvent avoir confiance en lui. Les sept jours de la fête sont maintenant terminés, et déjà on voit des groupes de voyageurs qui quittent la ville pour rentrer chez eux. Les gens de Nazareth décident de partir le lendemain. Jésus était peut-être encore au temple quand ils en ont parlé, ça on ne le sait pas, mais quoi qu’il en soit, le lendemain Jésus n’est pas dans la troupe quand celle-ci quitte Jérusalem.
C’est encore tôt le matin, peu à peu la troupe s’allonge, les jeunes marchent devant, suivis de près par les hommes et quelques ânes lourdement chargés. Derrière il y a les femmes, elles avancent plus lentement, au rythme des petits enfants. Le voyage est long, les heures passent, déjà le soleil décline là-bas à l’horizon. Il faudra bientôt installer le campement pour la nuit. La troupe se regroupe, les familles se retrouvent pour le repas du soir. Marie s’approche de Joseph :
- Dis, tu n’as pas vu Jésus ?
- Non, mais il ne doit pas être loin. Tiens, je vais demander à Jean, ils sont souvent ensemble.
- Jean ! Jean, il est où Jésus ?
- Ah, je ne sais pas !
- Mais il était avec vous pendant le voyage ! - Heu... Non, non il n’était pas avec nous !
- Mais alors, où est-il ?
Joseph passe d’une famille à l’autre. La plupart sont en train de préparer le feu, quelques jeunes enfants dorment déjà, enveloppés dans des couvertures. Personne n’a vu Jésus ! Personne! Très inquiet, Joseph rejoint Marie et tous deux décident de repartir immédiatement à Jérusalem ! Ils marchent toute la nuit et aux premières lueurs de l’aube ils
arrivent enfin aux portes de la grande ville. Et là encore ils demandent aux gens s’ils n’ont pas vu un jeune garçon de douze qui semblait perdu ! Non personne n’a rien vu, personne ne peut les aider !
Pendant trois longues journées, ils marchent dans tout Jérusalem, ils cherchent, ils questionnent les gens sans aucun résultat ! Marie est à bout de force, elle ne mange presque plus rien, elle n’arrive plus à dormir. Elle pense sans arrêt à son jeune fils. Soudain elle a une idée.
- Joseph, on n'est pas allé au temple, allons là-bas, peut-être qu’il y est, peut-être que les docteurs de la loi pourront nous aider !
Vite Joseph et Marie vont au temple, ils entrent dans la grande cour et là, au milieu des docteurs, ils voient Jésus, leur Jésus ! Ne prêtant aucune attention aux discussions, Marie s’approche et dit :
- Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait ainsi ? Ton père et moi nous étions très inquiets en te cherchant.
- Mais, Maman, pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ?
Marie ne comprend pas bien ce qu’il veut dire, mais tant pis, elle est si soulagée. Jésus se lève, il salue les docteurs de la loi et il suit Joseph et Marie. Il sait qu’il reviendra à Jérusalem, mais pour l’instant, il n’est encore qu’un enfant et il doit obéir à ses parents, même si Marie semble avoir oublié que son vrai Père, ce n’est pas Joseph, mais Dieu.
Au bout de quelques jours, ils sont enfin de retour à Nazareth. La famille et les voisins sont bien contents de les retrouver. Jésus, lui, n’oubliera pas ce voyage à Jérusalem et, en attendant de pouvoir y retourner, il continuera d’être un jeune garçon obéissant, agréable et serviable.