Le fils perdu
Luc 15 v. 11-32
Comme tu le sais, le Seigneur Jésus aimait raconter des paraboles. Souvent, il prenait des exemples de la vie courante pour expliquer des choses importantes, pour parler, à ceux qui l’écoutaient, de Dieu et de son amour. Alors aujourd’hui tu vas encore une fois entendre une de ses histoires. Et aujourd’hui encore il veut t’apprendre quelque chose sur Dieu et sur toi- même, es-tu prêt à l’écouter ?
Cette parabole commence dans la cour d’une belle maison. Il y a plein de chèvres et de moutons, il y a même des bœufs. On entend un tout jeune veau qui vient de naître. Et partout des poules, des coqs et même un superbe cheval. Une si belle maison avec tant de bétail... Le propriétaire est un homme bien riche ! Ce matin-là, ses serviteurs travaillent dans la cour et se préparent à partir aux champs, car ces grands champs tout à l’entour lui appartiennent aussi ! Ce qu’on doit savoir encore, c’est que le maître de la maison a deux fils, ils sont déjà grands, ce sont de jeunes adultes, et il les aime beaucoup, plus que tout au monde. Mais en fait, regarde, c’est lui, c’est cet homme qui est là dans le coin de la cour et qui parle avec ses serviteurs. Il a une grande barbe blanche et de beaux vêtements, mais ce qui frappe le plus, c’est son regard, c’est un homme plein d’amour. La porte de la maison s’ouvre et un beau jeune homme en sort. C’est son deuxième fils. Il s’approche de son père.
- Hm, hm... Hm, père... Il faut que je te parle, c’est important !
- Oui, mon garçon, tu as quelque chose à me dire ?
- Et bien... Père, je veux que tu me donnes aujourd’hui la partie de l’héritage qui me revient. Comme ça, avec cet argent, je pourrai vivre comme je veux, je pourrai faire ce que je veux ! Je serai enfin libre !
- Mais enfin, mon enfant, est-ce que tu n’es pas heureux ici, est-ce que tu n’as pas tout ce que tu veux ? De la bonne nourriture chaque jour, des vêtements solides, un frère et l’amour de ton père ?
- Père, tu ne comprends pas, moi ce que je veux, c’est vivre ma vie, je veux décider moi-même de ce qui est bien pour moi. Je veux être mon propre maître ! J’en ai assez de tes conseils... Laisse-moi vivre! Donne-moi maintenant ma part d’héritage.
Le père est triste, très triste. Son propre fils doute de son amour, mais comment trouverait-il ailleurs un amour qui se donne comme ça, sans contrepartie ? Son garçon qui a si peu vécu pense mieux savoir que lui ce qui est juste et bon pour sa vie. Le père sait que son fils se trompe. Il sait que nul part ailleurs il ne trouvera le même amour, la même paix et la même joie que dans cette maison. Mais son fils est majeur, responsable de sa vie, libre de choisir ce qui lui semble bon. Alors le père décide de le laisser partir.
Le père se lève et entre dans sa chambre. Il y a là un gros coffre de bois clouté de fer. La serrure est impressionnante. Du fond de sa poche, il tire une grosse clé et ouvre le coffre. Il se met à compter les pièces d’or et les met dans un joli sac de cuir. En comptant cet argent, des larmes coulent de ses yeux. Il n’est pas triste de se séparer de son argent, ça non, s’il a tant travaillé dans sa vie, c’est aussi pour pouvoir laisser quelque chose à ses deux fils. Non, s’il pleure, c’est parce qu’il est triste de voir son fils faire un si mauvais choix pour sa vie.
- Voilà, mon fils, dans ce sac il y a la moitié de mes biens, c’est ta part d’héritage, fais-en bon usage !
- Youhou ! A moi la belle vie, à moi la liberté !... Dans quelques jours, le temps de préparer mes affaires, je pars à l’étranger. Là-bas la vie sera formidable, plus de contraintes, plus d’ordres à recevoir... Je serai enfin libre !
Quelques jours plus tard, le jeune homme est prêt pour le départ. Il s’est acheté une belle chaîne en or, des habits magnifiques et un superbe cheval qui lui permettra de voyager agréablement et rapidement. Et il n’a pas oublié non plus le joli sac de cuir rempli de pièces qui tintent joyeusement à sa ceinture.
- Au revoir, la famille ! Je pars, à moi la vie et la liberté !
Et c’est au triple galop, dans un nuage de poussière qu’il quitte la maison de son père. Derrière une fenêtre, on peut voir la tête d’un vieil homme. Son regard est triste, il secoue doucement la tête et sur la table, on peut voir une petite flaque d’eau, ce sont ses larmes qui coulent doucement de ses yeux. Son fils fait une énorme erreur, il le sait, son fils doute de son amour, il méprise ses conseils, mais il l’aime toujours. Après avoir galopé quelques heures, le fils sort du pays et arrive à l’étranger. Que de choses à voir, que de choses à découvrir ! La vie est vraiment merveilleuse loin de la maison du père, plus d’ordres à recevoir, que la liberté ! Voilà justement une ville ! Allons-y ! Il entre dans la ville et s’étonne de tant d’animation dans la rue.
- Super... Ces boutiques avec toutes ces choses à acheter, et ces bars, quel changement ! Ce n’est pas à la campagne que j’aurais vu ça ! Je vais enfin pouvoir m’amuser. Chez mon père c’était nul, vraiment ici ce sera la vraie vie. Vive la musique et vivent les danseuses ! Qui veut venir s’amuser avec moi ? Je vous invite ! Vous qui passez dans la rue, venez, allons boire ensemble et fêter notre nouvelle amitié ! Il y aura à boire pour tout le monde, allez, venez ! Et toi, jolie mademoiselle, viens ma chérie avec nous, il y a de la place sur mes genoux pour toi !
- Allez les gars, regardez, il a de l’or à ne plus savoir qu’en faire, oui, oui, on est tes amis !
Le fils est vraiment content, il a des amis, 10, 20, 30 même parfois. Ils sont là chaque jour. Mais tu l’as bien compris, ils sont là pour son argent. Alors chaque jour ensemble, ils mangent, ils boivent, la bière coule à flots, et puis ensuite ils sortent et s’en vont avec des filles.
- Aujourd’hui tu nous paies à manger, mets donc la main à la poche. Aubergiste, amène du vin et du bon, on a soif...
Jour après jour, la même scène recommence et jour après jour l’argent sort de la poche du fils pour aller remplir les bourses de ceux qui tiennent les bars. Le cheval a été vendu depuis longtemps, de toute façon il ne servait plus à rien, puisqu’il ne compte plus voyager. Il a en effet décidé de rester dans cette ville avec ses nouveaux amis. Et puis ça lui coûtait aussi trop cher de nourrir cette bête depuis qu’il y avait la famine dans le pays, une sécheresse terrible ! Tout avait augmenté ! Ensuite il avait dû vendre sa grosse chaîne en or, il en avait retiré un bon prix, mais ce matin là :
- Aujourd’hui on va s’amuser ! Oh, oh...
Ce matin-là, il ne lui restait plus que trois pièces d’argent au fond de la poche. Jamais il n’aurait cru que l’argent parte si vite ! Il sort dans la rue.
- Ah ! Mon ami, on t’attendait... Viens vite que l’on s’amuse ! Viens, on va essayer un nouveau bar pas très loin d’ici. Allez, assieds-toi et sors ton argent ! Comment, trois pièces d’argent... Tu crois qu’on peut s’amuser avec trois pièces d’argent ? Bon, on a compris, mon gars, tu ne nous intéresses plus, on va s’amuser sans toi maintenant. Allez ! Dégage ! Tire-toi de là. Dépêche !
- Ecoutez, depuis des semaines on vit ensemble, et je vous paie tout. On s’est bien amusé, non ? Alors, maintenant, vous allez m’aider un peu. D’ailleurs est-ce qu’il y a une place dans une cour pour moi ? Je cherche un endroit pour dormir, car je dois quitter l’hôtel, je n’ai plus d’argent.
- Tu crois qu’il y a de la place pour un mendiant chez nous ? Va voir ailleurs ! Allez, ciao !
Le soir est là maintenant et il n’y a plus du tout d’argent. Tous ses amis sont partis, pas un n’est resté pour l’aider. Il va encore tenter quelque chose.
-
- Ismaël, c’est moi, ton ami... Ouvre ! J’ai faim maintenant. Ouvre, est-ce que l’on n’était pas une super équipe tous les deux ! Ouvre ! Donne-moi au moins quelque chose à manger, j’ai juste un petit problème financier, aide-moi ! Ou alors donne- moi du travail. Donne-moi du travail, je gagnerai mon pain !
-
- Fiche le camp, ce n’est pas un hospice pour les mendiants, ici. Tu crois qu’avec cette famine on va nourrir une bouche de plus dans la cour. Tire-toi et d’ailleurs tu n’es qu’un étranger.
Jour après jour, les réponses sont les mêmes. Enfin il arrive devant une ferme, un élevage de cochons. Ce riche propriétaire a des centaines de porcs.
- Donnez-moi du travail, n’importe quel travail ! Même pour un tout petit salaire je suis prêt à travailler chez vous... Donnez-moi à manger !
- C’est bon. Va garder les cochons.
C’est ainsi que le fils se retrouve dans les champs à garder les cochons. Pour lui, comme pour chaque Juif, le cochon est un animal impur, qu’il ne peut pas manger, et qu’il ne peut même pas toucher. Quelle humiliation pour lui de devoir s’occuper de ces porcs, de devoir les soigner, les laver, les nourrir ! Il est vraiment tombé bien bas ! Les jours passent et le patron ne lui donne toujours rien. Pas de salaire, pas un sou, rien. Dans son ventre aussi il n’y a rien, rien si ce n’est un gros trou. La faim le tenaille, le fait souffrir...
- Je n’en peux plus, je suis là tout seul, sans rien dans le ventre au milieu de ces centaines de porcs qui eux sont chaque jour plus gros. Oui, je vais manger de leur soupe. C’est infect, c’est de la nourriture avariée, mais au moins j’aurai quelque chose dans le ventre. Ah ! Quelle odeur, c’est répugnant... Dire que chez mon père, il y avait toujours quelque chose de préparé à manger, des serviteurs, une chambre propre, comme j’ai été stupide ! Pourquoi est-ce que je n’ai pas réfléchi ? Pourquoi est-ce que je n’ai pas écouté mon père ? Est-ce que je peux retourner comme ça, comme s’il ne s’était rien passé et dire... Bonjour, papa, c’est moi... Non ça, je peux pas faire ! Il y a maintenant un problème entre moi et mon père, j’ai désobéi, j’ai fait des choses graves. J’ai jeté son argent par la fenêtre, j’ai douté de son amour... Alors voilà ce que je vais faire, je vais retourner chez mon père et je vais lui demander pardon. Oui, je vais me jeter à ses pieds et lui dire : « Père, j’ai péché contre Dieu et contre toi, je ne mérite plus d’être ton fils, mais accepte- moi comme un serviteur dans ta maison, je travaillerai dur... » Ah ! Ca ne va pas être facile de reconnaître que je me suis trompé, ça ne va pas être facile de demander pardon ! Mais je sais que c’est ça que je dois faire, car c’est là-bas qu’il y a la vraie joie, c’est là-bas que l’on m’aime vraiment, pas pour mon argent, mais parce que je suis le fils.
Alors il mange une dernière fois la soupe des cochons... Ah ça pue ! Il prend un long bâton et il se met en route. Comme il a l’air misérable ! Il est si sale, amaigri, et de ses beaux habits, il ne reste que des haillons qui puent le cochon. Ses pieds sont couverts de boue et de blessures, car depuis longtemps il n’a plus de chaussures.
Il arrive enfin dans son pays et on distingue tout là-bas la maison de son père. Dans cette maison, un homme, un vieillard est assis et il regarde le chemin. Cet homme attend, attend. Il attend depuis des semaines, depuis des mois, il attend son enfant. Et chaque jour, il se demande si ce sera aujourd’hui que son garçon comprendra que son père l’aime vraiment, qu’il comprendra que le vrai bonheur se trouve dans cette maison. Chaque jour le père regarde par la fenêtre.
- Tiens là-bas, il y a quelque chose qui bouge ... C’est quelqu’un qui s’approche. Oh ! C’est un homme maigre et sale, un mendiant sûrement ! En tout cas ce n’est pas mon fils ! Mais, mais cette façon de marcher, ça me rappelle mon... Non, est- ce que c’est lui ? Mais oui, c’est lui !
Malgré sa crasse et sa maigreur, malgré la distance il l’a reconnu. Alors ce vieillard se met à courir, à courir vers son fils et c’est la rencontre, là, sur le chemin. Il se jette au cou de son fils et le couvre de baisers.
- Père, j’ai péché contre Dieu et contre toi.
- Serviteurs, venez ! Apportez vite la plus belle robe de la maison et habillez mon fils, apportez un anneau d’or et regardez ses pauvres pieds... Apportez des sandales pour ses pieds. Qu’on tue aussi un veau bien gras et que l’on prépare une belle fête ! Car mon fils était mort, mais il est revenu à la vie. Il était perdu et il est retrouvé !
Comme le fils est reconnaissant, lui qui voulait être esclave dans la maison de son père, lui qui voulait gagner par son travail le droit de vivre chez son père, il reçoit tout. Son père lui pardonne et lui fait grâce. Tout cela parce qu’il s’est repenti, qu’il a sincèrement et profondément reconnu son péché et tout ça parce que son père l’aime d’un amour parfait.
Toi qui nous écoutes aujourd’hui, sais-tu qui est ce père ? Eh bien, c’est Dieu ! Et toi, tu es peut-être encore comme ce garçon désobéissant et pécheur. Tu utilises la liberté que Dieu te donne pour faire le mal et dilapider les ressources que Dieu met à ta disposition. Tu ne veux pas lui obéir, parce que tu ne crois pas que ce qu’il veut pour toi, c’est le meilleur. Satan veut te donner un peu de joie, un tout petit peu de joie pour pouvoir mieux te détruire. Il veut ta mort spirituelle. Les filles faciles, l’alcool... Tout cela ne mène qu’à la maladie et à la mort spirituelle. Dieu te laisse le choix d’accepter son amour et de vivre dans sa maison, mais pour cela il faut revenir à lui, lui demander pardon. Tu dois reconnaître tes fautes, les regretter et alors Dieu t’accueillera dans sa présence avec joie. Désires-tu cela ? Alors, cours vers Dieu, il t’attend aujourd’hui !
La fête a commencé, les musiciens sont là et une bonne odeur de viande rôtie se répand partout. Cette musique et toute cette animation intriguent le frère aîné qui rentre des champs. Il appelle un serviteur.
- Eh toi ! Qu’est-ce que c’est que cette fête chez mon père, pourquoi cette musique et cette bonne odeur de viande rôtie ?
- C’est ton frère, il est revenu et ton père est tellement heureux de l’avoir retrouvé sain et sauf qu’il fait une grande fête.
- Comment ! Faire la fête pour cet ingrat, pour ce pécheur ! Le père entend les cris du fils aîné et sort vers lui.
- Viens avec nous, ton frère est revenu ! Il était comme mort, mais il est revenu à la vie. Il était perdu mais je l’ai retrouvé. Entre avec nous, réjouis-toi avec nous !
- Ça jamais, moi je suis toujours là avec toi, moi j’obéis à tous tes ordres, moi je suis un bon garçon pour toi. Moi je suis bien... Lui c’est un voyou, il est parti, il a gaspillé ce que tu lui avais donné. Et à moi tu n’as jamais rien donné !
- Mais mon garçon, tu es chez toi ici, tout ce qui est à moi est à toi aussi. Viens faire la fête !
Mais le frère ne veut pas comprendre l’amour de son père pour son jeune fils, il ne comprend pas la grâce de son père. Lui, il pense mériter l’amour de son père, mais son jeune frère ne mérite rien du tout. Tu es peut-être comme ce frère, tu te dis, moi je ne suis pas un pécheur, je suis quelqu’un de bien, je ne vole pas, je ne cours pas après les filles... Mais il y a aussi d’autres péchés, les mauvaises pensées par exemple... est-ce que tu peux vraiment dire que tu n’as jamais péché ? Bien sûr que non ! Ce fils aîné, parce qu’il se croyait parfait n’est pas entré dans la fête !
Un jour le Seigneur Jésus va venir chercher tous les chrétiens, pour la grande fête éternelle. Les chrétiens iront tous à cette belle fête, mais ceux qui se croient justes, comme le fils aîné, n’y entreront pas. Et ceux qui sont encore en train de garder les cochons, ceux qui préfèrent leur misère à la joie du père, parce qu’ils ont honte de venir demander pardon, ne participeront non plus pas à cette fête. Oui, Dieu te dit aujourd’hui : « Viens dans la maison du Père, reconnais que tu es un pécheur, demande pardon à Dieu ton Père et il te recevra dans sa maison.