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Le bon Samaritain

Luc 10 v. 25-37

Le soleil se couche sur Jérusalem, cette grande ville toujours bouillonnante de vie. C’est le centre de toute la région, alors il y a beaucoup de voyageurs qui viennent pour leurs affaires, pour visiter leurs familles, leurs amis ou encore pour se rendre au temple. Josué est l’un d’entre eux. Il rentre d’un pas rapide vers l’auberge où il a loué une petite chambre. Il a l’air satisfait. La journée a été bonne pour lui, tout s’est déroulé comme prévu. Josué est un marchand. Il vient de Jéricho, une belle ville où, grâce à son commerce prospère, il a pu acquérir un joli palais. Il se réjouit maintenant d’y retourner, car il trouve Jérusalem trop bruyante et trop poussiéreuse. Alors que Jéricho est connue au loin pour son calme, sa fraîcheur et ses plaisirs. Josué est donc venu à Jérusalem pour affaires. Il avait plusieurs choses à vendre et maintenant il est content, car il a tiré un bon prix de ses marchandises. Bien sûr, il n’a pas toujours dit exactement la vérité, évidemment, au marché, on exagère toujours un peu, mais Josué n’a que faire de cela... Les affaires sont les affaires et maintenant, dans sa grande bourse de cuir attachée à sa ceinture, il y a de belles pièces d’or qui tintent joyeusement. Et dès demain, il les ramènera à Jéricho, à sa famille qui doit l’attendre avec impatience. Monsieur Josué, de retour dans sa petite chambre, se prépare donc à reprendre la route. Il rassemble ses affaires, emballe quelques petits cadeaux qu’il donnera à ses enfants, puis il va vers l’aubergiste pour régler sa note. Le voyage jusqu’à Jéricho n’est pas très facile et pas très agréable. Il y a un long bout de désert à traverser, où il fait toujours très chaud, il n’y a pas d’ombre et le soleil tape dur à cette période de l’année. Les voyageurs ne sont pas nombreux sur cette route. Mais Josué a l’habitude, alors il n’est pas très inquiet. Il a déjà pris ce chemin de nombreuses fois dans sa vie. Il s’endort rapidement et le lendemain, dès l’aube, il ramasse ses affaires et s’en va tranquillement.

Le soleil vient de se lever là-bas, derrière les collines. Doucement Josué se met en marche, peut-être qu’il a un petit âne, la Bible ne le dit pas. Il traverse les quartiers populaires de Jérusalem, sort par la grande porte et puis s’engage sur le chemin qui passe par les champs et les plantations d’oliviers. Il y a déjà bien des paysans qui sont là pour profiter de travailler dans la fraîcheur du matin. On les entend qui grattent la terre, qui ôtent les cailloux, qui arrachent les mauvaises herbes. D’autres sont en train de puiser de l’eau pour arroser les champs, et, en les voyant, Josué décide de s’arrêter près d’eux pour profiter de boire encore un peu de cette bonne eau fraîche avant le désert. Puis il reprend la route et laisse peu à peu derrière lui les champs, les plantations et les paysans. Il marche, il marche, il marche et sur la route qui descend maintenant, il est presque seul. De temps en temps, il croise encore une personne ou quelques chèvres qui s’enfuient à son passage. Le paysage change peu à peu lui aussi. Les heures passent et le soleil est déjà haut dans le ciel. Il arrive à un endroit recouvert de gros cailloux. Il n’y a maintenant plus personne, inconsciemment Josué met la main sur sa grosse bourse et presse le pas, il n’aime vraiment pas ce coin. Heureusement qu’après ce passage la route n’est plus très longue, il a hâte d’arriver à Jéricho. Mis à part ses pas, on n’entend aucun bruit, tout est silencieux, et pourtant... notre voyageur n’est pas tout seul, non, il n’est pas tout seul au milieu de ces cailloux. Derrière ceux-ci, bien cachés, il y a des yeux qui l’observent.... Ce sont des brigands, des voleurs, des coupeurs de routes. Ils attendent l’occasion et voici justement qu’elle se présente. Un homme tout seul sur la route déserte. Il est bien vêtu, alors sûrement qu’il possède aussi une bourse pleine de sous ! Monsieur Josué... Oh, il n’aurait pas dû faire le voyage tout seul ! Peut-être qu’il ne pouvait pas faire autrement, peut-être qu’il était trop pressé de rentrer chez lui pour attendre que d’autres voyageurs fassent le même trajet. Ou peut-être comptait-il sur sa propre force pour se défendre contre ses ennemis. Tu verras qu’il a eu tort. Car ce jour-là, les brigands sont nombreux, leurs yeux brillent... C’est la bonne affaire ! Sur le chemin, Josué s’approche insouciant, et déjà les voleurs peuvent entendre les pièces d’argent et d’or qui s’entrechoquent dans son petit sac. Oh oui ! Ce soir, il y aura à manger pour tout le monde au campement des voleurs. Ce soir, l’alcool coulera à flot ! Oui, c’est une bonne affaire. Josué s’approche, il est maintenant là tout près, il ne voit toujours rien, il n’entend toujours rien... Tout à coup, un brigand lève son bâton et d’un geste brusque et violent frappe le pauvre commerçant qui, surpris, tombe par terre. Tout de suite alors d’autres brigands se lèvent et frappent à leur tour. Le commerçant est blessé, gravement blessé. Il n’a rien pu

faire pour se défendre. Ils étaient trop nombreux. Les voleurs lui prennent tout, sa bourse bien sûr, mais aussi ses chaussures, ses habits, toutes ses affaires et c’est là, nu et à demi mort qu’il est laissé sur le chemin. Le soleil tape fort et le pauvre homme souffre terriblement. Il n’arrive même plus à bouger, il n’arrive pas à se traîner jusqu’à l’ombre de ce rocher là- bas. Il est là, au plein milieu du chemin. Son seul espoir est qu’un autre voyageur arrive avant qu’il n’ait perdu tout son sang. Il faut absolument que quelqu’un puisse s’occuper de lui et ait suffisamment de force pour le transporter jusqu’à Jéricho. Jéricho n’est plus très loin, mais jamais il ne pourra y arriver tout seul.

- Au secours, au secours ! A l’aide !

Mais personne ne vient. Personne n’entend sa voix. D’ailleurs sa voix devient de plus en plus faible. Il a maintenant soif, très soif. Le soleil est haut dans le ciel, il brûle tout dans ce désert. Josué souffre terriblement. Mais tout à coup, notre blessé, à demi inconscient, entend des pas. Oui, quelqu’un s’approche ! Difficilement il tourne la tête et entrevoit à travers ses paupières mi-closes un homme... Un homme bien habillé. Il s’avance vers lui ! Il semble le reconnaître à son habit. Mais ça doit être un prêtre, un sacrificateur, un homme qui revient de son service pour Dieu à Jérusalem. Car c’est dans cette ville qu’il y a le temple, la maison de Dieu où des centaines de personnes travaillent. Et le sacrificateur, c’est quelqu’un d’important, puisque c’est lui qui offre le sacrifice pour Dieu. Alors certainement que lui, qui est durant toute sa vie au service de Dieu, prendra soin de ce pauvre homme blessé sur le chemin. Le sacrificateur s’approche, il a vu là qu’il y a quelque chose sur le chemin, il regarde mieux

- Ah, c’est un blessé... Non, ça je ne peux pas, je n’aime pas le sang et puis si je m’occupe de lui, ça va me prendre beaucoup de temps et puis peut-être que ça va même tacher mes vêtements.

Alors cet homme, ce sacrificateur qui sort de la maison de Dieu, va faire un détour, il va passer de l’autre côté du chemin pour éviter de croiser le regard de ce pauvre homme blessé. Il a décidé, non, il ne fera rien. Pauvre Josué, que peut-il faire là, seul sur le chemin ? Il n’a même plus la force d’appeler. Alors il va rester encore de longues heures au soleil. Comme dans un rêve, il repense à sa vie, à sa famille, des fois il n’arrive même plus à penser, c’est comme un grand trou noir. Il est tellement faible qu’il ne sent même plus ses blessures, ni le soleil qui continue de l’écraser de sa chaleur. Soudain... Soudain... Un autre pas ! Il entrevoit comme dans un brouillard une grande silhouette qui s’approche. C’est un Lévite, un homme qui travaille aussi dans le temple toute la journée. Il garde le temple, il le nettoie et c’est lui aussi qui transporte les objets sacrés. Du cœur de Josué s’élève alors cette faible prière :

- Oh merci mon Dieu, certainement cet homme va s’occuper de moi !

En effet, cet homme qui est au service de Dieu toute la journée, comment pourrait-il être insensible à la douleur d’un malade sur le chemin.
Mais voilà... Le Lévite est peut-être pressé ou craintif, qui sait si ce n’est pas un guet- apens ? Quoi qu’il en soit, lui non plus ne prendra pas le temps de s’occuper de Josué. Quelle déception ! Le pauvre blessé pense qu’il va mourir. Il en est même sûr maintenant, car le soir approche et il sait que les bêtes féroces vont bientôt sortir de leurs cachettes. Les vautours sont peut-être même déjà là dans le ciel, à faire de grands cercles au-dessus de son pauvre corps. De longues heures passent encore. Josué aurait tant voulu revoir au moins une fois sa famille. Une grosse larme s’écoule lentement sur son visage couvert de poussière.

Tout à coup, il lui semble entendre un bruit très faible mais qui semble se rapprocher. Y aurait-il encore un voyageur, à cette heure tardive ? Il n’ose y croire. Il doit rêver ! Pourtant... Pourtant il en est sûr cette fois, c’est le pas d’un âne, et puis il entend aussi « hi-han, hi-han, hi-han », l’âne s’approche. Et, assis sur l’âne, il voit un homme. Ha ! Malheureusement, il le reconnaît lui aussi à son habillement. C’est un Samaritain ! Alors cette fois Josué n’a pas d’espoir de voir cet homme s’arrêter, parce que les Juifs et les Samaritains ne se parlent jamais, ils ne s’entraident jamais, ils sont ennemis. Les Juifs méprisent les Samaritains, ils les tiennent même pour des sous-hommes, alors certainement que ce Samaritain ne s’arrêtera pas pour sauver un de ces Juifs qu’il méprise... Josué ferme les yeux. L’homme va continuer son chemin et lui, il n’a plus qu’à mourir, à mourir sur le chemin comme une bête. Mais là, bientôt, dans son cou, il sent le souffle de l’âne qui le renifle : « Hi-han, hi-han, hi-han » Il ouvre les yeux et il entrevoit, à côté de l’âne, le Samaritain qui s’est arrêté. Il est

descendu de son âne et il se penche maintenant sur le malade. Il n’ose y croire, mais oui, il sent qu’on lui nettoie ses blessures. Le Samaritain les désinfecte avec du vin et puis, dessus, il met de l’huile pour les soigner. Puis il le porte maintenant sur son âne. Oui, il a pris le temps de le secourir. Ils partent ensemble, le blessé sur l’âne et lui marchant à côté, tout doucement, lentement, sans chaos et sans heurt. Ils vont aller jusqu’à la prochaine auberge.

- Monsieur l’aubergiste, vous me reconnaissez, n’est-ce pas ? Oui, je suis un de vos clients, et regardez, là, j’apporte un malade, un homme que j’ai trouvé sur le chemin. Je désire que vous en preniez soin. Il m’est cher. Voyez-vous, j’ai commencé à le soigner, j’aimerais que vous continuiez les soins. Voilà l’argent pour sa nourriture et sa chambre. Je repasserai, vous me connaissez. Au prochain voyage, si les dépenses dépassent cette somme, alors vous me le direz. Et moi, je paierai la différence.

Ce Samaritain était vraiment un bon Samaritain. Il avait vu la détresse de Josué, ce Juif blessé sur le chemin. Il s’était arrêté pour le prendre, alors qu’il allait mourir. Il l’avait soigné, puis transporté jusqu’à l’auberge. Et c’est lui qui allait tout payer. Ce Samaritain nous fait penser à quelqu’un d’autre. En effet si le Seigneur Jésus a raconté cette histoire, c’est qu’il voulait nous apprendre quelque chose sur lui. Et lui est ce bon Samaritain. Le peuple Juif l’a rejeté, ils sont même allés jusqu’à le clouer sur une croix. Il n’était pas aimé. Comme ce Samaritain, il était méprisé. Mais lui est toujours prêt à s’approcher de celui qui a besoin d’aide, de celui qui est malade et peut-être toi es-tu encore malade ? Car chaque homme à sa naissance est malade d’une maladie terrible, une maladie bien pire que les coups de bâtons, une maladie qui mène à la mort éternelle, et cette maladie, tu la connais, c’est le péché. Alors le Seigneur Jésus est là, prêt à t’apporter son aide, il est prêt à te prendre, à te laver, à te panser et, comme tu le sais, pour laver ton péché, c’est lui qui a tout payé. C’est lui qui a été puni à ta place sur la croix. Le Seigneur Jésus veut aussi nous apprendre quelque chose d’autre. Peut-être qu’autour de nous, il y a des hommes, des femmes ou des enfants qui sont dans la détresse. Si tu aimes Dieu, tu dois aimer ton frère, tu ne peux pas le laisser dans sa misère, tu dois t’approcher de lui. Le Seigneur nous demande d’être un bon Samaritain pour notre prochain.