Zachée
Luc 19 v. 1-10
La petite troupe était partie du nord du pays depuis longtemps. Ce matin-là, elle se préparait à continuer le voyage. Il fallait puiser de l’eau et acheter de la nourriture, car la route était encore longue. En marchant d’un bon pas, les voyageurs espéraient atteindre la prochaine ville avant le coucher du soleil. Ils étaient un, deux, trois, quatre, cinq, douze, treize, oui, ils étaient treize, treize hommes. C’était une période spéciale dans le pays, une période où l’on se préparait pour la grande fête annuelle de la Pâque. Dans tous les villages traversés, on entendait les bêlements des agneaux qui étaient choisis et qui allaient être mangés à la Pâque. La troupe avançait déjà depuis longtemps sous le soleil. Ils transpiraient, ils avaient soif, mais ils savaient maintenant que la route n’était plus longue. Ils se réjouissaient vraiment d’arriver. Tout à coup, au détour d’un chemin, ça y est, ils la voient, cette grande ville de Jéricho. Elle s’étend là-bas dans la plaine et sa vision est déjà bien rafraîchissante. Jéricho est entourée d’une multitude de palmiers, c’est une ville fraîche où il fait bon vivre. Au milieu de tout ce vert, on peut voir des murailles impressionnantes qui permettent de se protéger des brigands et des ennemis, parce que Jéricho est riche et prospère, alors elle attire beaucoup de convoitises. Notre petite troupe est maintenant tout près de la grande porte qui permet de franchir les murailles. C’est un endroit où règne une animation extraordinaire.
- Halte-là, qui va là ? Qui êtes-vous ? Où allez-vous ? Qu’est-ce que vous apportez ? Qu’est-ce qu’il y a dans votre charrette ? Allez, montrez !
C’est un douanier qui vient de parler. Car ici c’est une douane importante. On passe de l’état d’Hérode Antipas à celui de Pilate. Alors on en profite pour faire payer les voyageurs. Il y a des taxes à payer sur les marchandises.
- Cela fera deux deniers !
- Mais écoutez, Monsieur, je n’ai pas ça !
- Alors donne-moi ton sac et tu pourras passer ! - Mais ce n’est pas juste...
- C’est comme ça ! Donne-moi ce sac !
Il y a beaucoup d’abus et de corruption ! Mais le pauvre voyageur n’a pas d’autre solution pour entrer dans Jéricho. Ce qui étonne aussi en arrivant à Jéricho, c’est les soldats. Il y en a partout. On les reconnaît facilement à leurs beaux uniformes et à leurs cuirasses qui étincellent sous le soleil.
- En avant, marche ! Gauche, droite, gauche, droite ! Demi-tour à gauche ! Halte ! Dixième manipule, cinquième cohorte, à mon commandement, en avant !
Tous les jours les habitants de Jéricho voient ces soldats qui défilent au pas, parfaitement formés, c’est impressionnant. Mais ces soldats parlent une autre langue, car ils viennent de loin, ce ne sont pas des Hébreux, mais des Romains. Ils sont là pour maintenir la paix romaine dans ce pays conquis. Cela veut dire que les Hébreux qui vivent dans cette ville de Jéricho vivent sous une domination étrangère. Et bien sûr on n’aime pas ces étrangers ! On déteste aussi tous ceux qui travaillent pour eux ou avec eux. De plus tous les soldats des environs viennent à Jéricho pour y dépenser leurs soldes, dans les cabarets avec les filles faciles. Jéricho est une ville corrompue, où l’on vient pour ses plaisirs, une ville pleine de péché. La petite troupe est maintenant entrée dans la ville. Peut-être qu’elle se repose à l’ombre d’un palmier. Mais venez maintenant avec moi de l’autre côté de la ville, dans le quartier des riches. Là, une porte s’ouvre, un homme sort devant sa maison, enfin, ce n’est pas une maison, c’est plutôt un petit palais. Le jardin est magnifique, il y a beaucoup de serviteurs qui travaillent autour de cette maison. Cet homme, tout le monde le connaît, peut- être déjà parce qu’il est spécialement petit. D’ailleurs les gens ne sont pas très gentils avec lui, et dès qu’il n’est pas là, on se moque de lui. Cet homme s’appelle Zachée. Aujourd’hui encore, pour sortir, il a mis ses beaux vêtements, car Zachée est riche, très riche, peut-être même un des hommes les plus riches de cette ville. Mais Zachée, ce matin encore, a le visage triste. Il a tout ce qu’il peut désirer, il passe sa vie à s’accorder des plaisirs, mais
pourtant son cœur est triste. Il lui manque quelque chose. Zachée aurait-il besoin de quelque chose qui ne s’achète pas ? Aurait-il besoin de quelque chose que son argent ne puisse pas lui offrir ? Zachée descend lentement dans la rue. A chacun de ses pas on entend un bruit bizarre : cling, cling, cling. A sa ceinture il y a en effet une grosse bourse d’argent qui est attachée. Cette bourse ne le quitte jamais, parce que le métier de Zachée, c’est l’argent. C’est lui qui prend l’argent à ses concitoyens, qui l’arrache aux plus pauvres, le récolte dans sa grosse bourse, l’assemble, le compte amoureusement pièce après pièce et le donne enfin à ceux que l’on déteste ici, les Romains, les envahisseurs qui dominent toute la région. Zachée a donc un bien triste métier. Il est publicain, il est ramasseur d’impôts, il est même le chef des ramasseurs d’impôts. Zachée est aussi un voleur, un grand pécheur. Parce que quand le gouvernement a besoin de 10'000, lui Zachée, il en demande 15'000, et c’est comme ça qu’il s’enrichit. Chaque année il a besoin de gagner encore davantage, il lui faut toujours plus. Il doit agrandir sa maison, assurer la réussite de sa famille, organiser des grands festins, il n’est jamais satisfait. Zachée est un pécheur et il vit parmi les pécheurs. Comme tout ramasseur d’impôts, Zachée a les yeux grands ouverts et il écoute. Justement ce matin-là, dans la rue, court une rumeur.
- Il est là, venez vite, venez le long de la grande route, il est là, il va passer, c’est sûr !
C’est Jésus qui est là. Oui, mes amis, peut-être que vous l’aviez-vous déjà reconnue, cette petite troupe de treize personnes. C’est le Seigneur Jésus et ses disciples. Ils sont en route pour Jérusalem où ils fêteront bientôt la Pâque, ce sera la dernière qu’ils passeront ensemble. En attendant, ils sont là à Jéricho, dernière étape de leur voyage. Zachée a déjà entendu parler du Seigneur Jésus. Il sait que c’est un homme puissant, il sait peut-être même que c’est un prophète, un envoyé de Dieu. Et ce jour-là, Zachée prend une décision importante.
- Je veux le voir, je veux le rencontrer ! On m’en a tellement parlé que je veux le voir une fois de mes propres yeux et l’entendre.
Zachée est curieux et c’est une bonne chose dans ce cas-là ! Alors Zachée se met à courir. Et l’on entend dans les rues cling, cling, cling, il se dépêche, il court aussi vite que ses petites jambes le lui permettent. Est-ce que tu as déjà vu courir quelqu’un d’important dans la rue ? C’est rare, mais Zachée n’a pas honte, il continue de courir en direction de la rue principale ! Il y a beaucoup de monde, ils sont déjà tous là, les habitants de Jéricho, serrés épaules contre épaules, genoux contre genoux. Toutes ces grandes personnes forment comme une muraille entre Zachée et le Seigneur Jésus.
- Laissez-moi passer, je suis Zachée, je suis monsieur Zachée. Je suis le chef Zachée, laissez-moi passer !
- Ah, ah, pour une fois que tu es derrière, Monsieur Zachée, tu vas y rester ! Ah, ah, petit homme, aujourd’hui on peut t’ennuyer...et on ne va pas s’en priver ! Ah, ah !
- Toi le collaborateur, toi le voleur, reste derrière, de toute façon, ce Jésus-là prêche l’amour, il prêche la paix, il a en horreur le péché, alors reste derrière avec tes péchés, ce n’est pas pour toi !
Toutes ces remarques ne vont pas arrêter Zachée. Il a décidé fermement de voir et d’entendre le Seigneur Jésus aujourd’hui. Alors il regarde autour de lui, il lève les yeux et voit un peu plus loin un bel arbre, au feuillage touffu et très vert, c’est un sycomore. Il a une idée.
- Et si je montais dans cet arbre, je pourrais m’y cacher ! Et comme Jésus va passer par-là, je le verrai de tout près.
Alors Zachée se met à courir vers le sycomore, il veut y monter avant que le Seigneur Jésus n’arrive. Imaginez ce petit homme dans son bel habit qui essaie de monter. Il n’a pas l’habitude...ça fait si longtemps qu’il n’a plus grimpé sur un arbre.
- Aïe !
Il a glissé ! Il se reprend et se hisse sur la plus grosse branche. Ça y est, il y est arrivé ! Il est caché dans les feuilles et en même temps il peut bien voir ce qui se passe en bas. La petite troupe s’approche ! Jamais Zachée n’aurait espéré avoir une aussi bonne place ! Il ne s’est pas préoccupé des moqueries et maintenant il est heureux d’être là ! Le Seigneur Jésus avance, mais, mais... qu’est-ce qui se passe ? Le voilà qui s’arrête tout prêt de sycomore. Le
Seigneur Jésus lève les yeux. Zachée ne s’attendait pas à cela, et voilà que le Seigneur Jésus lui parle.
- Zachée, descends vite, il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison !
Zachée connaissait Jésus de nom, il en avait entendu parler, mais le Seigneur Jésus semblait aussi le connaître lui. Ils ne s’étaient jamais rencontrés et pourtant Jésus connaissait son nom, comme il connaît le mien, comme il connaît le tien. Jésus s’adresse à Zachée, il désire s’adresser à toi aussi !
- Aujourd’hui, je veux demeurer dans ta maison, descends vite de cet arbre !
Le Seigneur Jésus a vu que Zachée avait un grand besoin dans son cœur. Et pour la première fois de cette journée, un sourire va éclairer le visage de Zachée.
- C’est extraordinaire, le Seigneur Jésus va venir chez moi, il a du temps pour moi !
Vite, il dégringole de son arbre et il court, encore une fois, il court vers sa maison, il doit prévenir ses serviteurs pour qu’ils préparent un festin.
- Serviteurs, écoutez-moi, le maître va venir, le Seigneur Jésus me fait l’honneur de venir dans ma maison. Tuez la meilleure bête, préparez un bon repas, car il est là !
Le Seigneur Jésus s’approche, il prend la rue dans laquelle Zachée habite et les gens regardent cela.
- Comment ? Jésus, lui, va chez cet homme, chez ce pécheur ! Ce n’est pas possible, non certainement qu’il n’a pas de temps à consacrer aux pécheurs, il va se souiller, car Zachée est un grand pécheur.
Jésus est maintenant arrivé et il entre dans la maison de Zachée. Et là, mon ami, c’est un peu comme si les portes se refermaient sur les deux hommes. Ils sont là autour d’une table, ils vont avoir une rencontre personnelle, un tête-à-tête, et de cette longue discussion, nous n’en trouvons pas trace dans la Bible. Nous ne connaissons que la fin. Certainement, Zachée a parlé de sa vie, il a reconnu le péché qui régnait dans son cœur, il a reconnu aussi que Jésus pouvait transformer sa vie. Il a compris son amour, il a compris qu’il était un envoyé de Dieu. Alors, en ce jour, sa vie va changer. Devant tous il va dire :
- J’ai beaucoup volé, c’est sûr, j’ai extorqué de l’argent à beaucoup de gens, mais maintenant que je me suis mis en ordre avec Dieu, je veux aussi me mettre en ordre avec les hommes. Ceux que j’ai volés et trompés, je vais leur rendre quatre fois plus, et puis, je veux aussi montrer l’amour de Dieu autour de moi. Je vais donner maintenant la moitié de mes biens aux pauvres.
Voyez comment la vie de cet homme a été transformée après une, une seule rencontre avec le Seigneur Jésus. Oh ! Certainement que Zachée, en se levant ce matin-là, ne savait pas à quel point sa vie pouvait être transformée. Le Seigneur Jésus est heureux et il va dire :
- Aujourd’hui le salut est venu dans cette maison.
Oui, hier, Zachée, tu étais perdu, tu étais pécheur, tu étais voleur, tu méritais la mort, mais aujourd’hui le salut est venu dans ta maison parce que tu es fils d’Abraham, Abraham, le père de tous ceux qui croient, et Zachée est maintenant un croyant, il a la foi. Cette rencontre avec le Seigneur Jésus, tu peux toi aussi la faire aujourd’hui. Il suffit d’ouvrir la porte. Dans un autre endroit de la Bible, Jésus dit :
- Je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai et je mangerai avec lui et lui avec moi.
Le Seigneur Jésus avait du temps pour Zachée, il en a aussi pour toi. Lors d’une autre occasion, le Seigneur Jésus a dit encore, et c’est peut-être un des plus beaux versets de la Bible : « Je suis venu pour chercher et sauver ce qui était perdu. » C’est cela la bonne nouvelle de l’Evangile. Pour obtenir ce salut, il faut se reconnaître pécheur, comme l’a fait Zachée, il faut lui ouvrir sa maison et le recevoir avec joie.